Traduction de Michel Adamov – Dans Oncle Vania, le vieux professeur S?r?briakov est venu se retirer ? la campagne, dans la maison de sa premi?re ?pouse. Cette arriv?e perturbe la vie paisible de Sonia, la fille du professeur, et d?oncle Vania, qui ? eux deux exploitent tant bien que mal le domaine. D?autant que l?attention des proches, y compris celle de Vania, se cristallise bient?t sur El?na, la seconde et tr?s d?sirable ?pouse.
Dans ce drame, la capacit? de Tchekhov ? reproduire des atmosph?res, sa langue m?me signalent l?essentiel : que la beaut? vient de la simplicit? et que les personnages puisent dans le quotidien, m?me trivial et r?sign?, le sens de leur existence.

Les Trois Soeurs, se d?roule dans une ville de province, perdue dans l’immense Russie, trois s?urs s’ennuient, mais esp?rent : Moscou, le retour de l’enfance, la vraie vie… Tout est encore possible le deuil est fini, la vie attend. La vie s’?croule, sans ?v?nement. Les officiers vont et viennent. Tous s’accrochent aux mots, mais les mots tuent ou s’usent. Les trois s?urs n’iront jamais ? Moscou. Elles ont tout perdu, m?me l’espoir de partir.?

Extraits Oncle Vania

? SONIA. Vous n’?tes pas satisfait de la vie ?

ASTROV. J’aime la vie en g?n?ral, mais notre vie, provinciale, russe, ?triqu?e, je ne peux plus la supporter et je la m?prise, de toutes les forces de mon ?me. ? p 78

?SEREBRIAKOV. Mes amis, mais qu’est-ce que tout ?a veut dire ? la fin ? Eloignez-moi de ce fou ! Je ne peux plus vivre sous le m?me toit que lui. Il vit ici, presque ? c?t? de moi … Qu’il aille habiter au village, dans l’annexe, sinon c’est moi qui m’en irai d’ici, car rester dans la m?me maison que lui, je ne peux pas …

ELENA ANDREIEVNA. Nous partirons d’ici aujourd’hui m?me ! Il faut donner des ordres sans perdre une minute.

SEREBRIAKOV. Le plus nul des hommes !

SONIA. Il faut ?tre charitable papa ! Oncle Vania et moi sommes si malheureux ! Il faut ?tre charitable ! Rappelle-toi quand tu ?tais plus jeune, oncle Vania et grand-m?re passaient des nuits ? traduire pour toi des livres, ? recopier tes manuscrits … des nuits, des nuits enti?res ! Oncle Vania et moi nous travaillions sans rel?che, nous n’osions pas d?penser pour nous un kopeck, nous t’envoyions tout … Nous n’?tions pas des bouches inutiles ! Je ne parle pas comme il faut, ce n’est pas ce qu’il faut dire, mais tu dois nous comprendre papa … Il faut ?tre charitable !  » p 108

Extraits Les Trois Soeurs

? IRINA. Oh, que je suis malheureuse … Je ne peux pas travailler, je n’irai plus travailler. Assez, assez ! J’ai ?t? t?l?graphiste, maintenant je suis employ?e ? l’administration municipale et je d?teste, et je m?prise tout ce qu’on me donne ? faire … Je vais avoir vingt-quatre ans, ?a fait d?j? longtemps que je travaille, mon cerveau s’est dess?ch?, j’ai maigri, j’ai enlaidi, j’ai vieilli, et rien, rien, aucune satisfaction, le temps passe et j’ai tout le temps l’impression qu’on s’?loigne de la v?ritable, de la belle vie, qu’on s’en ?loigne toujours plus, pour aller dans on ne sait quel pr?cipice. Je suis d?sesp?r?e, et que je sois encore en vie, que je ne me sois pas tu?e jusqu’ici, je ne le comprends pas. ? p 215

?OLGA. Nous reverrons-nous un jour?

VERCHININE. Sans doute non. Ma femme est mes deux fillettes passeront encore deux mois ici. Je vous en prie s’il leur arrivait quelque chose, ou si elles avaient besoin …

OLGA. Oui, oui, bien s?r. Soyez sans crainte. Demain il ne restera plus en ville un seul militaire, tout ne sera plus que souvenir, et pour nous, ?videmment, commencera une vie nouvelle. Rien ne se passe comme nous le voudrions. Je ne voulais pas devenir directrice et pourtant c’est arriv?. ?a veut dire que nous n’irons pas ? Moscou.  » p 243

Un grand classique universel, tableau poignant de vies qui s’effilochent.