Résumé
Éraste et Julie s’aiment tendrement, mais Oronte, le père de la jeune femme, a d’autres ambitions pour sa fille. Il la destine à Monsieur de Pourceaugnac, un gentilhomme de Limoges. Les deux amants usent alors de tous les stratagèmes pour se débarrasser du prétendant, qui se voit livré tour à tour à des médecins, des gardes suisses, des avocats ; menacé de lavement et accusé de polygamie… Créée en 1669, cette comédie-ballet, considérée comme l’une des plus cruelles de Molière, reprend les grands thèmes qui traversent son oeuvre : le mariage forcé, l’argent et la maladie. Édition de Céline Paringaux.
Extraits
“ MONSIEUR DE POURCEAUGNAC. Messieurs, il y a une heure que je vous écoute. Est-ce que nous jouons une comédie?
PREMIER MEDECIN. Non, Monsieur, nous ne jouons point.
MONSIEUR DE POURCEAUGNAC. Qu’est-ce que tout ceci? Et que voulez-vous dire avec votre galimatias et vos sottises?
PREMIER MEDECIN. Bon, dire des injures. Voilà un diagnostic qui nous manquait pour la confirmation de son mal, et ceci pourrait bien tourner en manie.
MONSIEUR DE POURCEAUGNAC. Avec qui m’a-t’on mis ici? Il crache deux ou trois fois.
PREMIER MEDECIN. Autre diagnostic : la sputation fréquente.
MONSIEUR DE POURCEAUGNAC. Laissons cela, et sortons d’ici.
PREMIER MEDECIN. Autre encore : l’inquiètude de changer de place.
MONSIEUR DE POURCEAUGNAC. Qu’est-ce donc que toute cette affaire? Et que me voulez-vous?
PREMIER MEDECIN. Vous guérir selon l’ordre qui nous a été donné.
MONSIEUR DE POURCEAUGNAC. Me guérir?
PREMIER MEDECIN. Oui.
MONSIEUR DE POURCEAUGNAC. Parbleu ! je ne suis pas malade.
PREMIER MEDECIN. Mauvais signe, lorsqu’un malade ne sent pas son mal. “
“JULIE. On vient de me dire, mon père, que Monsieur de Pourceaugnac est arrivé. Ah ! le voilà sans doute, et mon coeur me le dit. Qu’il est bien fait ! qu’il a bon air ! et que je suis contente d’avoir un tel époux ! Souffrez que je l’embrasse et que je lui témoigne…
ORONTE. Doucement, ma fille, doucement.
MONSIEUR DE POURCEAUGNAC. Tudieu, quelle galante ! Comme elle prend feu d’abord.
ORONTE. Je voudrais bien savoir Monsieur de Pourceaugnac, par quelles raisons vous venez …
JULIE. Que je suis aise de vous voir ! et que je brûle d’impatience …
ORONTE. Ah ! ma fille ! Otez-vous de là, vous dis-je.
MONSIEUR DE POURCEAUGNAC. (Julie s’approche de M. de Pourceaugnac, le regarde d’un air languissant, et lui veut prendre la main). Ho, ho, quelle égrillarde !
ORONTE. Je voudrais bien dis-je, savoir par quelle raison, s’il vous plaît, vous avez la hardiesse de …
MONSIEUR DE POURCEAUGNAC. Vertu de ma vie !
ORONTE. Encore ? Qu’est-ce dire à cela?
JULIE. Ne voulez-vous pas que je caresse l’époux que vous m’avez choisi?
ORONTE. Non : rentrez là dedans.
JULIE. Laissez-moi le regarder “
Distribution
Nb. de femmes : 3 - 4 | Nb. d'hommes : 6 - 18
Durée
min.