Résumé
Une comédie étonnante, parce qu’elle est un curieux assemblage d’éléments divers. Ce fut d’abord un spectacle de cour : la danse, la musique (de Lully) contribuent aux divertissements royaux. C’est presque un livret d’opéra. Il y faut aussi de la galanterie : d’où les thèmes de l’amour et du mariage. Quant au bourgeois vaniteux, il suscite la moquerie, mais montre aussi la promotion d’une catégorie sociale, maîtresse de l’économie. M. Jourdain est un bon bourgeois enrichi qui, oubliant son origine obscure, enrage de n’être pas gentilhomme ; mais il ne désespère pas de le devenir et veut du moins s’en donner tous les airs. Il met sa gloire à se mêler à la noblesse et à imiter les grands seigneurs.À la fin, Molière fait danser tout le monde, en transformant la réalité en un univers de fantaisie.
Extraits
“ GARCON TAILLEUR. Mon gentilhomme, donnez, s’il vous plaît, aux garçons quelque chose pour boire.
M. JOURDAIN. Comment m’appelez-vous?GARCON TAILLEUR. Mon gentilhomme.
M. JOURDAIN. Mon gentilhomme ! Voilà ce que c’est de se mettre en personne de qualité ! Allez-vous-en demeurer toujours habillé en bourgeois, on ne vous dira point : Mon gentilhomme. (donnant de l’argent). Tenez, voilà pour Mon gentilhomme.
GARCON TAILLEUR. Monseigneur, nous vous sommes bien obligés.M. JOURDAIN. Monseigneur ! Oh ! oh ! oh ! Monseigneur ! Attendez, mon ami, Monseigneur mérite quelque chose, et ce n’est pas une petite parole que Monseigneur ! Tenez, voilà ce que Monseigneur vous donne.
GARCON TAILLEUR. Monseigneur, nous allons boire tous à la santé de votre grandeur.
M. JOURDAIN. Votre grandeur ! Oh ! oh ! oh !Attendez, ne vous en allez pas. A moi, votre grandeur ! (bas, à part) Ma foi, s’il va jusqu’à altesse, il aura toute la bourse. Tenez, voilà pour ma grandeur. “
“MADAME JOURDAIN. Ah ! ah ! je trouve ici bonne compagnie, et je vois bien qu’on ne m’y attendait pas. C’est donc pour cette belle affaire-ci, monsieur mon mari, que vous avez eu tant d’empressements à m’envoyer dîner chez ma soeur ! Je viens de voir un théâtre là-bas et je vois ici un banquet à faire noces. Voilà comme vous dépensez votre bien; et c’est ainsi que vous festinez les dames en mon absence, et que vous leur donnez la musique et la comédie; tandis que vous m’envoyez promener.
DORANTE. Que voulez-vous dire, madame Jourdain? Et quelles fantaisies sont les vôtres, de vous allez mettre en tête que votre mari dépense son bien, et que c’est lui qui donne ce régal à madame? Apprenez que c’est moi, je vous prie; qu’il ne fait seulement que me prêter sa maison, et que vous devriez un peu mieux regarder aux choses que vous dites.
M. JOURDAIN. Impertinente, c’est monsieur le comte qui donne tout ceci à madame, qui est une personne de qualité. Il me fait l’honneur de prendre ma maison, et de vouloir que je sois avec lui.
MADAME JOURDAIN. Ce sont des chansons que cela; je sais ce que je sais.
DORANTE. Prenez, madame Jourdain, prenez de meilleures lunettes.MADAME JOURDAIN. Je n’ai que faire de lunettes, monsieur, et je vois assez clair. Il y a longtemps que je sens les choses, et je ne suis pas une bête. C’est fort vilain à vous, pour un grand seigneur, de prêter la main comme vous faites aux sottises de mon mari. Et vous madame, pour une grande dame, cela n’est ni beau, ni honnête à vous, de mettre de la dissension dans un ménage, et de souffrir que mon mari soit amoureux de vous. “
Distribution
Nb. de femmes : 3 | Nb. d'hommes : 16 | Nb d'interprètes : 19
Durée
200 min.