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Lettres à un jeune poète de Reiner Maria Rilke

Peut-on savoir ce que la postérité retiendra de nous ? L’histoire est fertile en exemples inverses : Voltaire pensait être retenu pour son oeuvre dramatique, elle nous est complètement inconnue.

Il est sûr que si l’on avait prédit à Reiner Maria Rilke le destin de ces dix lettres adressées entre 1903 et 1908 à un jeune admirateur ayant des velléités littéraires, il ne l’aurait pas cru. Publiées en 1929, trois ans après la mort de Rilke (à 51 ans), sous le titre Lettres à un jeune poète, elles devinrent rapidement un best-seller mondial, dont le succès ne s’est encore jamais démenti.

Comment expliquer la portée extraordinaire de cette œuvre quasi-involontaire ? C’est que le propos développé par Rilke tout au long de ces lettres est loin de se limiter à un « art poétique », ce qu’il est aussi en permanence. En effet, Rilke nous invite à cultiver la poésie, non comme un formalisme creux, mais comme un désir profond :

Avant toute chose, demandez-vous, à l’heure la plus tranquille de votre nuit : est-il nécessaire que j’écrive ? Creusez en vous-même en quête d’une réponse profonde. Et si elle devait être positive, […] construisez alors votre existence en fonction de cette nécessité.

Rilke invite avec bienveillance son lecteur à se détacher des influences extérieures pour avoir le courage de vivre ce qui fait de nous de véritables individus : le développement de notre vie intérieure. Il renverse ainsi nos perspectives en nous recentrant sur nous-mêmes :

Conservez à vos jugements leur évolution propre, leur développement calme et sans perturbation, qui, comme tout progrès, doit avoir de profondes racines et n’être pressé par rien ni accéléré. Tout est d’abord mené à terme, puis mis au monde.

Les sujets abordés au fil de sa plume sont nombreux : l’art bien sûr, mais aussi la vie professionnelle, l’amour, la condition de la femme (il est à cet égard visionnaire), Dieu… Dans un moment de crise, on peut l’ouvrir à n’importe quelle page en étant certain d’y trouver l’aliment d’une lumineuse méditation.

Or, nulle part ailleurs dans son oeuvre, ni dans le reste de sa correspondance, Rilke n’aura jamais semblé aussi serein et confiant face aux vicissitudes de l’existence. C’est ce cadeau de sagesse et d’espérance qu’il nous a légué à travers les Lettres à un jeune poète.

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